Bien qu’il s’agisse d’une idée dont on parle beaucoup en ce moment, à la suite de divers événements de l’année ou des deux dernières années, nous le savons depuis longtemps. Les idées de Leon Festinger sur la dissonance cognitive et la théorie du spectateur peuvent être une explication et une pièce récente dans The New Yorker décrit d’autres façons de définir le problème. Le comédien Stewart Lee a sa propre vision de la question, suite à une rencontre avec un chauffeur de taxi.
On peut rire du chauffeur de taxi, mais on y est tous d’une manière ou d’une autre. Par exemple, aujourd’hui, c’est On Your Feet Britain Day ; auto-défini par un vendeur de mobilier de bureau utilisant une entreprise d’intérêt communautaire appelée Active Working comme façade non reconnue pour une campagne visant à pathologiser l’acte de s’asseoir et ainsi les aider à vendre leurs produits.
Il faut dire qu’ils ont eu beaucoup de succès, même si leur approche floue devrait vous faire réfléchir. Bien que nous soyons conscients des problèmes liés à la position assise immobile dans des postures fixes depuis longtemps, le problème s’était sclérosé, en partie à cause des directives officielles embarrassantes et inutiles sur l’ergonomie énoncées dans le règlement sur l’équipement des écrans d’affichage. La campagne a réalisé cette chose rare pour un problème sur le lieu de travail en passant dans la pensée dominante. Maintenant que c’est là, il sera difficile d’appliquer une quelconque réflexion nuancée sur la question,comme nous l’avons souligné précédemment.
Avant On Your Feet Britain Day, l’opération commerciale derrière elle a publié un communiqué de presse rapporté dans FM World et ailleurs décrivant les dangers de la “maladie assise”. Cette médicalisation d’un problème quotidien est scandaleuse, même si les personnes à l’origine de cette campagne ne sont pas les premières à le faire et n’ont même pas inventé le slogan désormais familier « S’asseoir est le nouveau tabac ».
Cette formulation spécifique semble être apparue comme un titre pour un article dans la Harvard Business Review en janvier 2013 et un Ted Talk ultérieur par Nilofer Merchant. Cependant, lorsque vous examinez réellement ce qu’elle dit, il en ressort une vision intelligente, informée, appropriée et nuancée de la nécessité pour nous de prendre en compte le fait que nous passons trop de temps sur le dos à regarder les ordinateurs. Elle dit que nous devons bouger et varier beaucoup plus notre posture. Elle a raison, bien sûr, et nous le savons depuis longtemps.
Même ainsi, les couches de sens ont été progressivement enlevées, fanées et disparues pour qu’il ne reste plus que le titre, le sourire d’un chat du Cheshire aux slogans inutiles et dangereux qui reste utile aux personnes qui veulent vous dire qu’un bureau est le réponse au fait que s’asseoir vous tue.
Nous savons où ce genre d’idiotie nous mène parce que c’était partout dans les médias il y a quelques années. Un cabinet d’architectes néerlandais appelé RAAAF et une artiste appelée Barbara Visser avaient imaginé un bureau dans lequel il était impossible de s’asseoir (même si ce n’était pas le cas, car les gens trouveront toujours un moyen). À l’époque, nous souhaitions que cela ne sorte jamais de la planche à dessin, mais ils l’ont fait et ont exploité la diabolisation vogue de la chaise pour générer une grande couverture médiatique. Les idées que Sitting Kills et The End of Sitting ont été ajoutées au projet et bloquées. Bien que de nombreux articles contiennent des critiques de la conception, ils sont balayés par une vague de rationalisations inhumaines et le bavardage habituel sur The Office of the Future.
Il fut un temps où une telle réflexion vous vaudrait une réputation d’excentrique, car le cas de l’excentrique Stanley Green démontré. Aujourd’hui, nous sommes tous Stanley.
Ce que montre l’hystérie actuelle à propos de l’assise, c’est combien il est facile de faire oublier que les bureaux doivent être conçus autour des formes, des motivations et des fonctions des êtres humains, aussi désordonnées soient-elles. Nous devrions rejeter les absurdités simplistes sur la position assise et retrouver le sens des proportions. Cela signifierait également un retour à l’idée que tous les problèmes n’ont pas une solution conçue. Parfois, il s’agit d’une bonne gestion et de bonnes habitudes. Nous ne sommes pas collés aux chaises, nous sommes donc libres de nous lever et de nous déplacer quand nous le voulons. Peut-être plus important encore, il n’y a absolument rien de mal à s’asseoir.
